Compost zen

Vous n’êtes pas sans savoir que depuis le 1er janvier 2024 le compostage des biodéchets est obligatoire.
De fait, je ne sais pas si les médias en ont beaucoup causé étant donné que je ne regarde jamais la télé, (hormis un film, un documentaire ou une série de temps à autre), et que j’écoute très peu la radio, (sauf en podcast pour quelques émissions).
Mais jamais je ne regarde ni écoute les infos.

Je m’informe essentiellement sur internet.
Quelques médias ont parlé du compostage .Comme par exemple ici .

La loi dite « anti-gaspi » a été promulguée  le 10 février 2020 avec comme date de mise en application du compostage obligatoire le 1er janvier 2024.
A priori, ça laissait du temps aux collectivités territoriales de s’organiser.
Nous y sommes, et force est de constater que bon nombre de ces collectivités  ont traîné des pieds pour se conformer à cette loi et que beaucoup n’ont strictement rien fait, ni installer des bornes de compostage pour les habitants ne disposant pas de jardin, ni même communiquer sur le sujet.
La communauté de communes dont fait partie ma ville propose des composteurs individuels mais rien n’est prévu pour une collecte des déchets verts.
Un bel exemple pour les citoyens.
Comment leur demander de respecter la loi, si les pouvoirs publics ne montrent pas l’exemple ?


En matière d’environnement – comme dans de nombreux domaines – ça fait longtemps que je n’attends plus rien des pouvoirs publics qu’ils soient nationaux ou locaux.
J’agis à mon niveau.
Longtemps, j’ai rechigné aux efforts individuels comme le tri sélectif.
Parce que je trouvais ça contraignant et peu efficace.
Mais j’ai changé mon comportement, et je ne le prends pas comme une corvée, mais plutôt comme un acte de bienveillance envers la nature, et des efforts ont été fait pour améliorer la collecte et le recyclage.
Même si les pouvoirs publics rechignent toujours à s’attaquer à la source du problème, à savoir aux industriels de l’emballage dont le puissant lobby a eu raison d’une loi ambitieuse.
Je ne vais pas changer le monde à moi tout seul, mais j’ai la conscience tranquille et je me sens davantage en communion avec la nature.

Je vis en appartement. Nulle solution de compostage n’est proposée, alors j’ai pris les devants.
Certes ça demande un peu d’organisation.
Étant végétarien et amateur de jus de fruits, je fais une grande consommation de fruits et légumes, et je produis beaucoup de biodéchets.
Épluchures, graines noyaux et pépins, coquilles d’œuf, marc de café…

Je les mets dans un grand sac que j’ai disposé sur mon balcon, j’y ajoute de la terre des plantes que je rempote, et les feuilles mortes ramassées dans la résidence.

En ramassant les feuilles mortes, je nettoie et sécurise l’allée rendue parfois glissante par l’amas de feuilles surtout lorsqu’il pleut, et aussi j’évite le vacarme assourdissant produit par ces engins de malheur que sont les souffleurs de feuilles qui polluent, puent et pétaradent si fort que lorsque les « jardiniers » les utilisent, je suis obligé de fermer les fenêtres et de monter le son de la chaîne si je veux écouter de la musique.
J’emploie des guillemets car ils n’ont de jardinier que l’apparence.
Outre l’emploi de leurs satanés engins l’entretien effectué par ces « jardiniers » consiste à couper tout ce qui dépasse, à tailler les haies à n’importe quelle saison, et à ratiboiser les arbres. Mais, bon, c’est ce que demande la copropriété où nous, les quelques amis de la végétation ne sommes pas en majorité…

Le sac sur le balcon se remplit et 2 à 3 fois par semaine je prépare un sac de 5 à 6 kilos que je mets dans un sac à dos avec parfois une bouteille d’eau pour arroser.

Et je pars dans le maquis  déverser mes biodéchets.
Il me faut environ 45 minutes pour parvenir à l’endroit que j’ai choisi, situé en haut d’une colline. (Tant qu’à faire…)

La côte est assez raide

mais à gauche et à droite de superbes panoramas s’offrent au regard même lorsqu’il fait gris comme aujourd’hui.

J’arrive en haut au bout de quelques minutes et je quitte le chemin pour un petit sentier peu emprunté par les promeneurs et un peu à l’écart se trouve une clairière parsemée de bosquets d’arbustes.
J’espère revégétaliser ainsi une petite surface inculte où ne poussent que les cailloux.

photo du 16 décembre lors du choix de l’emplacement

La première chose quand j’arrive est le changement de T-shirt car suite à la montée avec le sac collé au dos celui que je porte est détrempé.

ensuite j’alimente mon petit tas, c’était aujourd’hui mon neuvième apport…


Comme l’endroit est très calme, et le panorama superbe, j’en ai fait un « lieu-ressource » où il fait bon se poser après les 45 minutes de marche et l’effort fourni pour la montée finale.
Un « lieu-ressource » est à la base une notion d’hypnose, mais pour moi, c’est juste un endroit, où après un effort, je me pose et je contemple dans un grand calme extérieur et intérieur ce qui m’environne.

Quelques images de l’évolution du tas et du lieu.

Bien sûr, j’ai conscience que ce n’est pas donné à tout le monde de vivre ce genre d’expérience, et que j’ai à la fois la chance et le privilège de vivre dans cette région et de disposer de temps.
Je ne veux pas donner de leçons sur ce qu’il faut faire, j’apporte juste un témoignage, et vous dire que cela m’est grandement bénéfique aussi bien sur le plan physique que sur le plan moral, voire spirituel et que c’est l’aboutissement – provisoire – d’un processus qui m’a fait passer d’une dépression profonde qui a duré plusieurs années et où je ne sortais pas de chez moi, à une véritable « résurrection » et la communion avec la nature.

©Lili Tango

mise à jour 8 avril 2024
Du temps a passé, hier, j’ai été, avec Lili, qui parfois m’accompagne, faire le 24ème apport. Des graines ont germé, et quelques poussent de cucurbitacées émergent, et il a fallu agrandir le réceptacle.
J’ai aussi amélioré le compostage sur le balcon, en attendant de recevoir un lombricomposteur proposé par la communauté de communes.

19 février
6 mars
10 mars
14 mars
24 mars ( au très petit matin)
1er avril
7 avril
Agrandissement
24ème apport
Mise en place de bacs sur le balcon

5 commentaires

  1. Pingback: A sunday smile | le petit monde de Pierre
  2. Pingback: Plus rien ne m’arrête | le petit monde de Pierre
  3. Pingback: Vadrouille au Roustagnon | le petit monde de Pierre
  4. bleufushia · Il y a 26 jours

    Ça progresse à vue d’oeil. Tu arrives à t’y tenir : chapeau…
    On n’en est pas encore au zéro déchet, mais avec toi, on progresse.

    J’aime

  5. bleufushia · janvier 12

    C’est vraiment bien, cette action.
    C’est vrai qu’à priori, je ne voyais pas trop de débouché possible à notre compost, même avec un balcon plein de plantes.
    J’aime bien le geste attentif, répété, lent, obstiné et modeste, le rapport à la nature en collaboration , en lien tranquille. Au lieu de la domination destructrice qui est souvent de mise.
    Les photos sont belles et même le lichen aime ce que tu fais ( ce coeur est étonnant et très beau). Bravo ! 😘

    Aimé par 1 personne

Laisser un commentaire