Baptême

Je veux tout d’abord vous remercier, lectrices et lecteurs d’avoir été nombreux (enfin tout est relatif, mais je me contente de peu) à lire mon dernier article sur ma balade au Aygalades.
Je vous avais promis la suite, elle est en préparation, mais hier, je n’avais pas trop d’inspiration.
Et comme j’aime procrastiner…


Il vous faudra patienter encore un peu, car je vais vous parler de tout autre chose aujourd’hui.
Je pensais tout d’abord juste faire une publication sur Facebook, mais ça ne me convient pas dès que je veux faire un article un peu long et élaboré.

Je vais vous raconter une tranche de vie, ce qui immédiatement me fait penser à ça (1972, ça me rajeunit).

Hier, jour de marché, je vais voir entre autres mon pote Jojo le gitan chez qui je m’approvisionne chaque semaine en fruits exotiques pour confectionner des jus. Selon ses arrivages je peux me procurer à prix cassés, mangues, ananas, citrons verts, fruits de la passion, cédrats ou encore des avocats. Il me met de côté les plus mûrs qu’il ne peut pas vendre, et me les donne pour faire du guacamole.
J’y vais aussi pour voir un vendeur d’accessoires de téléphones chez qui je m’étais procuré un adaptateur pour mes écouteurs la semaine passée.
En effet, sur le modèle que j’ai acheté, il n’y a pas de prise jack, et il faut se brancher sur la connectique usb. Mais les petits malins de chez Samsung qui ne fournissent plus les écouteurs avec leurs modèles récents ont trouvé moyen de ne pas pouvoir adapter ses anciens écouteurs.
Forcément, l’obligation faite aux constructeurs d’adopter la connectique Usb-c les prive de la vente de chargeurs spécifiques à chaque marque, et ils ont trouvé le moyen de se rattraper ailleurs pour plumer le consommateur.

Holà Poulpito, ne va pas trop vite !
(Poulpito est le nom que j’utilise lorsque je m’adresse à moi-même) 
Tu t’éloignes  de ton propos initial, et à ce rythme, cet article n’en finira jamais.
Déjà que tu es lent…


Donc, je pars au marché et je croise Alain, une connaissance de cet été lorsque Lili et moi allions nager tôt le matin, avant l’arrivée des touristes, et avec qui nous avons un peu sympathisé.
Nous étions tous deux emmitouflés sous un bonnet, et il nous a fallu quelques secondes pour nous remettre le visage de l’autre.
Une fois que nous nous sommes reconnus, je lui demande en plaisantant s’il part se baigner, et avec le plus grand sérieux, il me répond par l’affirmative, me vantant les bienfaits de la nage en toute saison et en me parlant de Wim Hof.
Je lui dit que je vais y réfléchir, mais que je rentre déjà avec difficulté dans une eau à 19°, je ne me vois pas trop me baigner lorsque la température de la mer est à 13.

Le marché s’étale le long du port, pour y accéder, on passe devant le monument aux morts et je vois des agents de la ville s’activer pour la préparation d’une cérémonie.
Le 5 décembre ne m’évoque rien et je me demande à quoi ça peut bien correspondre.
Par simple curiosité,  parce que les cérémonies de ce genre, je m’en tamponne le coquillard.
Déjà que le 14 juillet

Je fais mon tour de marché et reviens, avec mes nouveaux écouteurs, lesté de fruits et délesté de quelques billets.
Je repasse devant le monument aux morts, s’y trouvent une demi-douzaine de flics et employés municipaux qui regardent bosser les deux ou trois gars qui s’activent.
Je demande à l’un d’eux la raison de cette cérémonie, il me regarde avec des yeux ronds, interrogé du regard ses collègues et me dit « J’en sais rien« , puis il interpellé un de ceux qui bossent qui me répond : « c’est pour les algériens » d’un ton qui me fait penser qu’il ne doit pas trop les aimer, doux euphémisme.
Je lui demande s’il s’agit des « morts pour la France » lors de la guerre d’Algérie et il me dit « un truc dans ce genre là « .

🇫🇷 Cérémonie patriotique 🇫🇷
Retour en images sur l’hommage de ce matin pour la Journée nationale d’hommage aux « morts pour la France » pendant la guerre d’Algérie et les combats du Maroc et de la Tunisie.

©mairie de Bandol
Déjà que j’aime pas les cérémonies des « morts pour la France », celles qui célèbrent les morts des armées coloniales me donnent la gerbe (pas la même que dépose cet officiel sur la photo)

Et j’avoue que j’en reste un peu sur le cul.
On demande à ces mecs de préparer une cérémonie et ils n’ont pas la curiosité de se demander à quoi ça correspond…

Là-dessus, en jetant un œil sur facebook, je tombe sur une publication qui parle d’agnotologie .
Vous n’avez jamais, j’en suis certain, entendu ou lu ce mot.
Y’a pas à dire, on s’instruit en lisant mes articles. Y’a du level ! On n’est pas chez Hanouna!
Je fais le malin, mais je vous rassure, j’ignorais ce mot hier encore lorsque j’écrivais cet article, et c’est en voyant sa définition que la scène sus-décrite m’est revenue en mémoire.
Je vous invite à cliquer pour en savoir plus


Alors que je rentre, je croise à nouveau Alain qui s’en revient rayonnant et très zen.
Nous discutons à nouveau et il réussit presque à me convaincre des bienfaits du bain dans l’eau froide.
Il me dit que ça se joue dans la tête, qu’il faut être très calme et décidé, s’avancer dans l’eau, surtout sans s’arrêter et que ça procure au corps une grande jouissance et à l’esprit un grand calme intérieur.

Vient le lendemain, c’est à dire aujourd’hui.
Je me lève à 6 heures frais et dispo, après 4 heures 20 de sommeil.
Alors que j’étais plutôt un gros dormeur, je ne dors plus depuis plusieurs mois que 4 à 5 heures par nuit, et je reste en pleine forme toute la journée, débordant d’activité.
Je prépare le café et le peutidège et en attendant d’aller chez le médecin avec qui j’ai rendez-vous à         7 heures 45, je fais diverses petites choses comme cette affiche car un facteur remplaçant s’est trompé l’autre jour.

ou encore m’occuper de la préparation des olives récoltées il y a trois semaines et qui baignent dans la saumure.
C’est la première année que je fais ça et j’expérimente diverses méthodes.


J’avais consulté mon toubib il y a plusieurs semaines pour un genre de crampes qu’il m’arrive d’avoir dans les mains lorsque je fais des gestes anodins, tels que tenir une casserole ou éplucher une pomme de terre.
Il m’avait prescrit une radio des vertèbres – car m’avait-il expliqué les nerfs irriguant les mains longent la colonne vertébrale – que j’ai fait immédiatement, mais je n’avais jusqu’ici pas trouvé le temps de retourner le voir.
Il avait vu juste, j’ai un léger pincement au niveau des cervicales, et il me recommande quelques exercices d’assouplissement du cou à faire tous les jours pendant une dizaine de minutes.



Il faudra que je prenne le temps de le faire.


Je me demande si je vais avoir le courage d’aller me baigner.
Mon dernier bain remonte au 15 octobre et j’ai rangé tout au fond du placard, maillot, masque, shorty, drap de bain et serviette de plage.
Vers 10 heures, je décide d’aller aux bornes de tri sélectif vider mes poubelles.
Ce n’est pas très loin, et en général j’en profite pour faire un petit tour dans le parc et revenir par la plage.
Je me prépare néanmoins psychologiquement à la possibilité du bain, d’autant que le soleil est présent et envoie un peu de chaleur.
Je respire en conscience, je suis zen, je profite de la vue sur la mer, pour faire les exercices recommandés par le docteur, et en fais quelques autres sans forcer.
Sur mon chemin se trouve la villa de Marie-Jo qui décore son vélo et sa maison selon les saisons

Je passe pratiquement tous les jours devant chez elle lors de mes promenades et je glisse souvent
des petits papiers dans sa boîte, à force, elle m’a repéré et nous avons sympathisé.

Sur le chemin du retour, et qui croisé-je ?
Alain bien sûr, accompagné aujourd’hui par sa compagne , qui vont se baigner et me motivent pour que je vienne les rejoindre.
Je me dis qu’il n’y a pas de hasard, ou qu’il fait bien les choses.
C’est décidé, je vais y aller.
Je rentre, je récupère mon sac d’affaires de plage, j’enfile mon shorty et me couvre chaudement en prévision de la sortie de l’eau. Je me prépare aussi une thermos de thé détox très chaud.
Et me voilà parti.
J’arrive à la plage, enfin, façon de parler, à cet endroit c’est une allée en béton qui longe le rivage.

Les habitués

Je vois Alain qui se sèche, il me donne ses recommandations et se propose de me coacher pour ce baptême de bain hivernal. (Je sais nous sommes encore en automne, mais nous n’allons pas commencer à ratiociner, même si j’adore ça).
Il m’indique d’abord l’endroit où il faut descendre, une longue dalle naturelle en pente douce que je n’avais jamais repérée.

cette dalle naturelle est apparue après les récentes largades


Je suis ses indications, je respire calmement, et je me lance. J’ai des chaussons, et le froid ne me saisit pas les pieds, mais l’eau arrive vite aux mollets, puis au cuisses, puis aux c… et je continue d’avancer calmement dans l’eau froide les bras le long du corps, ressentant  quand même la morsure du froid aux parties du corps dénudées. J’avance une trentaine de mètres jusqu’à avoir l’eau jusqu’au cou, et Alain me dit que je peux revenir. Je reviens à la nage, tranquillement et remonte sur la berge.
Alors que je pensais que j’allais ressortir en grelottant, il n’en est rien, je me sens bien.
Nous échangeons quelques mots, et Alain me dit d’y retourner et de m’immerger complètement cette fois-ci.
Ce que je fais, et je ressors assez vite avec de très bonnes sensations et ressentant pleinement la douce chaleur du soleil.
Je me change et me rhabille et bois mon thé et me sens incroyablement bien.


Je suis content, je l’ai fait. Je ne suis pas resté très longtemps dans l’eau, mais je l’ai fait et je sais que je renouvellerai l’expérience en restant à chaque fois un peu plus longtemps.
Le principe d’Alain est de rester dans l’eau autant de minutes qu’il y a de degrés.
Soit 13 minutes aujourd’hui…
Je lézarde un peu au soleil au milieu des habitués.


Je repars vers le parc où se trouvent quelques équipements de fitness.
Je me sens si bien que je décide de me faire une petite séance d’une quarantaine de minutes dans un cadre idyllique face à la mer.

Les différents appareils, et la mer en arrière-plan


Je suis sur le banc à savourer un thé sous le soleil et m’apprête à repartir lorsque je croise un ami de Lili devenu mien, avec qui je passe un bon moment à discuter.
Et je rentre. Il est 12 heures 30, je n’ai pas à cuisiner, il reste de la tarte aux poireaux que j’ai faite hier.
Je n’ai rien fait de ce que j’avais plus ou moins prévu, par exemple lire ce manga avant de l’offrir au petit-fils de mon amie, mais j’ai encore un peu de temps avant d’emballer les cadeaux de Noël.


Fin de l’histoire, j’avais envie de vous la raconter.
Il me reste à rechercher quelques photos pour illustrer ce récit et à tout mettre en page, ce qui demande un peu de temps, mais c’est l’heure du thé et je vais faire une pause
L’imprévu ayant une grande place dans mon existence, je ne peux pas vous garantir la suite de ma balade marseillaise pour demain ou après-demain…
On verra bien…

©Pierre Grandmonde 05.12.2023 corrigé et enrichi 07.12.2023

4 commentaires

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  3. zozefine · décembre 8

    oh, que c’est chouette de se balader au hasard des décisions d’une matiné avec toi. j’ai dû regarder ce qu’était la largade (ah oui, c’est fou ce que le vent peut modifier les plages, voire les faire disparaître. après l’énorme tempête sud-ouest (« garbis » ici) ma toute petite plage solitaire à santoriniou n’est plus qu’un chaos de rochers, plus un grain de sable). et merci pour la découverte de ce mot bien contemporain, l’agnotologie !!! fabuleuse trouvaille dans l’immense chantier des néologismes. par contre, à la lecture, manque un type d’ignorance, c’est l’gnorance de l’ignorance, ne pas savoir qu’on ne sait pas quelque chose. il me semble que ce qui est décrit dans la présentation tourne autour d’un savoir (voire d’un sachoir selon certaine page sur FB), le contournant, l’éloignant, le déformant, le niant, etc. mais ne pas savoir qu’on ne sait pas, ça c’est la cherry on ze pie.

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  4. bleufushia · décembre 6

    Tu nous le fais attendre, ce baptême, tu nous balades dans tes deux journées à un rythme tranquille, le passage par Béranger est pour moi délectable (qu’est-ce que j’ai écouté cet homme !), celui par les magouilles des industriels un peu agaçant, la lecture de l’article sur Wim Hof a ravivé les souvenirs d’une discussion avec mon fils (qui est un adepte de sa technique de respiration , et qui pratique les douches froides)…et de fil en aiguille, tu nous conduis au moment de la plongée : je ne me vois pas faire ça, bien qu’on s’était dit qu’on le tenterait, mais dans l’esprit d’y aller sans s’être interrompus dans la nage, avec une température qui baisse progressivement de jour en jour et le temps de s’y faire peu à peu. Tu parles de 19 degrés qui te sont difficiles en temps normal, pour moi, c’est plutôt 20, et quand le temps est très chaud. Rien que penser à de l’eau à 13 degrés, je grelotte.
    Alors, respect pour le fait d’y être allé, et de vouloir maintenant recommencer…
    Bravo !

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